Mercredi 07/03/01, Playa Ancon, Trinidad
"Lorsqu'on vit sur une île, la mer est toujours le symbole fondamental de la libération. Elle représente la seule possibilité d'évasion et, en même temps, le mur de la prison." Reinaldo Arenas Comme à l’habitude, le réveil n’a nul besoin de sonner et nous nous réveillons avant 7h. Le temps de rendre les clés de l’hôtel, récupérer la voiture et prendre de l‘essence à la station « Servi Cupet » et nous voici partis pour Cienfuegos via l’autoroute A1. 200 km plus tard, nous abordons les faubourg de la cité. La ville de Cienfuegos a été créée en 1818 par 46 colons français en provenance de Bordeaux et chassés de Louisiane par les Américains. Peut-être est-ce pour cela que les avenues sont plus larges et espacées que dans les autres villes du pays. Les colonnades pastels des demeures coloniales s’alignent avec nonchalance jusqu’au paseo José Marti ou nous garons notre voiture. Autour de ce parc se concentrent les principales curiosités de la ville. D’abord le Teatro Tomas Terry où se sont produites quelques célébrités telles Sarah Bernard ou le ténor Napolitain Enrique Caruso. Puis voici la « Casa de la Cultura » où un employé francophile nous conseille de monter jusqu’au mirador pour jouir d’une vue panoramique sur la place. L’ambiance de cette ville nous surprend par sa quiétude et son coté bon enfant. Nous déambulons désormais sur le bulevar. L’agitation y est à son comble en ce milieu de journée. Après un aller retour, nous décidons de rechercher un lieu pour nous restaurer. Nous jetons notre dévolu sur « Dona Yuna », une valeur sure selon le LP. Seul petit problème, la salle est bondée mais le serveur nous propose naturellement de partager une table avec un cubain : Porque no ? L’homme est chauve, porte une moustache et presque tous ses doigts sont couverts de bagues et autres chevalières ! Il déguste des bananes frites et alignes les cerveza. De notre coté, ce sera riz frit, poulet et porc. Ma côte de porc est assez coriace et mon couteau ne coupe pas ! En plus, la table est bancale ce qui ne simplifie pas ma tâche. Tout tremble lorsque j’essaie de couper le peu de viande qui entoure la côtelette... Heureusement que j’accompagne ce repas d’un riz frit au jambon et à la ciboulette des plus goûteux. Notre convive essaie de communiquer avec nous mais les limites de mon espagnol se font alors sentir. Je crois comprendre qu’il cherche à nous vendre son bracelet 14 $ mais devant notre relative incompréhension, il renonce et commande une nouvelle bière. Une fois le ventre bien rempli, nous reprenons la voiture pour le « Palacio de Valle », riche demeure de style Mauresque, posée sur le bord de l’eau. Nous nous prélassons sur la terrasse du palais où l’on nous offre un Rhum-Soda fort appréciable et où un groupe de musique locale jouera spécialement pour nous deux chansons du cru. Très agréable moment. Au pied du bâtiment s’étend nonchalamment le quartier aristocratique de Punta Gorda, où nous admirons les dernières villas de bois, symbole d’un temps révolu. La route pour Trinidad longe la côte escarpée avant de traverser la Sierra del Escambrey et ses paysages sauvages. Quelle n’est pas notre surprise de découvrir que le bitume est jonché de milliers de carcasses de petits crabes rouges, victimes de leur migration hivernale. A 20km du but, nous décidons de bifurquer pour « Topes de collantes », une station thermale d’altitude à partir de laquelle nombre de ballades sont possibles. La route qui y mène est à couper le souffle, d’une part à cause de la beauté naturelle des paysages, mais surtout par l’aspect abrupt des dénivelés et des précipices qu’elle propose. Il y a intérêt à avoir de bons freins et un bon moteur ... Après une demi heure à serpenter à travers la montagne, nous arrivons enfin à « Topes de Collantes ». Mais il est déjà 16h30 et la ballade que nous envisagions dure environ 2h30. Comme il est hors de question de redescendre dans le noir (la nuit tombe vers 18h30), nous renonçons finalement à notre promenade et nous contentons d’observer la vallée et la mer depuis un mirador posé au sommet de la montagne. Le spectacle est somptueux. Avant d’amorcer la descente ; nous prenons au passage deux auto-stoppeurs et continuons notre route vers Playa Ancon. Je suis soudain pris d’une envie pressante qui m’oblige de larguer en catastrophe nos deux compères dans les faubourgs de Trinidad, afin de gagner la rase campagne pour stopper de toute urgence le véhicule le bord de la route et me soulager derrière un arbre sous le regard interloqué d’un « caballo ». Allégé de quelques kilos (désolé ...), nous nous installons à l’hôtel Costa Azul où nous passons un bon moment sous les cocotiers de l’agréable petite plage de sable blanc à contempler le coucher de soleil sur la mer Caraïbe. Il est 18h30 et avant qu’il ne fasse nuit noire, Laure souhaite que nous nous rendions à Trinidad à la recherche d’un paladar. Mais la nuit tombe vite et nous nous perdons complètement en chemin. Laure commence à prendre peur et nous décidons finalement de rebrousser chemin pour dîner à Playa Ancon. Comme nous refusons de manger au restaurant de l’hôtel, envahi par les groupes de touristes, nous choisissons un restaurant à l’écart sur la plage. La salle est déserte. On comprendra pourquoi après avoir mangé : rien de bien extra ! De retour à l’hôtel, en zappant sur le câble, je tombe sur un PSG-La Corogne, commenté par des argentins surexcités. 4-3 après avoir mené 3-0 à 20 minutes de la fin, mieux vaut oublier ... Au loin, j’entends hurler le DJ de l’hôtel. La nuit sera difficile. |
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