Lundi 30 septembre 2002 : Hôtel Dolores de Alba, Merida

« Il y a de bonnes raisons de croire que toute cette région fut occupée par le même peuple, parlant la même langue ou, du moins ayant la même écriture ... Assis parmi les ruines, nous avons en vain essayé de pénétrer leur mystère : qui étaient ceux qui battirent ces villes ? »

Stephens, Incident of Travel in Central America


Il est tôt. Je jette un coup d’œil par la fenêtre. L’atmosphère est très humide et un épais brouillard a pris possession des lieux. Mais il en faut plus pour nous décourager. Nous rendons les clés de notre chambre et arrivons à 8h sonnantes pour inaugurer le site de Chichen Itza dont nous souhaitons approfondir la découverte. Nous sommes les premiers visiteurs, et pendant plus d’une heure, nous serons seuls au monde. Mais il existe un revers à la médaille. D’une part, la journée n’est pas idéale pour la photo, d’autre part, nous sommes littéralement dévorés par les moustiques. Les jambes de Laure, qui n’avait rien trouvé de mieux ce matin que de se mettre en short, sont à présent couvertes d’une multitude de points rouges ! Nous profiterons néanmoins de l’endroit jusqu’à 11h.

Les « casa de cambio » sont toutes fermées et nous devons retourner à l’hôtel pour récupérer quelques liasses de pesos. Nous voici repartis en direction d’Izamal, petite ville coloniale perdue dans la campagne Yucatèque. La route qui y mène est fort pittoresque et à cause des topes, les amortisseurs sont mis à rude épreuve. Après 1h de route, nous arrivons à la « cuidad amarilla », la ville jaune, comme l’appelle les mexicains. Outre ses placettes et ses bâtiments coloniaux, Izamal est célèbre pour son couvent San Antonio de Padua. Bien que massive, sa façade d’un jaune irréel possède un charme certain avec les colonnades qui l’entourent. Alors que se tient une messe, nous visitons l’édifice pour nous rendre compte de la ferveur religieuse qui existe dans ce pays. Nous déambulons sur la place centrale. Il y règne un laisser aller général…

A quelques pas d’ici se dresse l’ancienne pyramide, qui faisait d’Izamal une ville maya d’importance. Malgré la chaleur, nous entamons son ascension, accompagnés par la musique mexicaine qui sort des maisons alentours. Cette ascension nous a mis en appétit. Il est 13h30 et nous décidons de faire une pause déjeuner. A quelques pas de l’ancienne pyramide, le restaurant Kinich-Kakmo nous ouvre ses portes. Sous une agréable palapa, nous nous délectons de spécialités locales : Papadzules (tortillas farcis aux œufs durs), Tacos à la sauce verte, Poc-chuc (porc mariné au citron) et Escabeche de pollo, sorte de soupe de blanc de poulet aux étranges parfums. Pour ne rien gâter, les prix sont doux et le service agréable : une étape réparatrice ! Il est maintenant 15h, nous reprenons la route pour Merida.

Au fur et à mesure que nous approchons de la capitale du Yucatán, une évidence s’offre à nos yeux : la région à souffert du passage de l’ouragan Isidoro. La végétation sur le bord de la route a été littéralement dévastée. On ne compte plus les arbres arrachés et autres panneaux de signalisation couchés à terre. Les faubourgs de Merida sont méconnaissables. Des arbres, en s’écrasant, on détruit des habitations et les rues sont encombrées de branchages et d’objets divers. Des équipes travaillent sur les lignes électriques. Les abords du centre ville sont embouteillés, mais nous parvenons sans trop d’encombres à notre hôtel et sa façade en réfection, le Dolores de Alba. L’hôtel a visiblement souffert de l’ouragan : la cour intérieure a été touchée et la piscine a du être vidée au grand désarroi de Laure !

Nos premiers pas dans la capitale Yucatèque nous mènent à la Plaza Mayor. Là encore, de nombreux arbres ont été arrachés, mais l’imposante cathédrale tient encore. En discutant avec un vendeur ambulant de hamacs, nous apprenons que Lilly, un nouveau cyclone encore plus puissant est annoncé en provenance du golf pacifique. Un petit tour par l’office de tourisme confirme nos craintes : Lilly, qui a déjà dévasté Cuba, pourrait toucher le Yucatán dès demain. De plus, la visite de la réserve de flamands roses de Celestun paraît plus que compromise, l’endroit ayant été complètement dévasté. Soit, nous ferons la Ruta puuc, parcours architectural à travers les sites Mayas de la région. Profitant des dernières lumières de la journée, nous nous languissons sur le zocalo avant de déambuler à travers les rues du centre historique. Avec ses vieilles églises, ses parcs ombragés et ses commerces en tout genre, Merida attire les touristes. Nos jambes se font lourdes. Nous repassons quelques instants à l’hôtel avant d’aller dîner. A la cafétéria Pop, nous avalons des fajitas et un excellent guacamole au milieu d’une foule d’habitués. Nous pouvons dormir en paix.

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