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Dimanche 29 septembre 2002, Posada Chichen « Le monde colonial était la projection d’une société qui avait atteint sa maturité et sa stabilité en Europe. Son originalité était faible. La Nouvelle Espagne ne cherche ni n’invente : elle applique et adapte » Octavio Paz Minuit heure locale, j’appelle la réception et leur demande de me passer un numéro en France. Pour la modique somme de 7$ la minute, je suis en communication. Il est 7h du matin à Paris. Je réveille mes parents pour leur demander d’aller récupérer chez moi mon permis de conduire et de le faxer à trois numéros au Mexique. Nous verrons bien … La nuit sera de toute façon difficile. Alors que je me rends à la réception pour régler la facture, je croise un groupe d’américains quinquagénaires complètement éméchés s’apprêtant à prolonger la nuit dans l’un des boites qui font la réputation de la ville. C’est maintenant une évidence, j’ai déjà hâte de quitter Cancun ! J’ouvre les yeux. Ma montre indique 7h30. J’ai peu dormi de peur de me réveiller trop tard. En deux temps, trois mouvements, je me rends dans le hall de l’hôtel dans l’espoir de récupérer mon fax, mais le réceptionniste m’annonce qu’il n’est que 6h et que le manager, qui a accès à la salle du fax, n’arrive que vers 9h. Je règle ma montre mais trop impatient, j’achète une carte téléphonique et appelle mes parents en France. Ils ont réussi à faxer mon permis et l’agence Hertz de l’aéroport me confirme la bonne réception du précieux document. Ouf, les choses semblent enfin rentrer dans l’ordre … Comme nous sommes debout, autant en profiter. Le soleil est à peine levé mais il chauffe déjà énormément. Une promenade les pieds dans l’eau nous permet de découvrir les imposantes villas qui bordent la partie nord de la plage. Sortie de terre dans les années 1970, la ville a bien grandi. Les immeubles en béton bordent l’eau translucide des Caraïbes. Il ne reste que très peu de la beauté originelle du site. Laure souhaite néanmoins se baigner de bon matin. La plage n’a pas encore été nettoyée et est jonchée d’algues brunâtres. Il faut être vraiment motivé ! Laure se jette à l’eau, mais en ressortira vite, victime de petites piqûres d’origine indéterminée. Un chien errant marque son territoire autour de moi. Deux mexicains suants et bedonnants font leur footing sur la plage immaculée.
Nous repassons à notre chambre. Un représentant de Hertz arrivera à 10h pour nous conduire à l’agence du centre ville. Là, nous héritons d’une Hyundaï jaune fluo, véritable poubelle ambulante. Pour la discrétion, nous pourrons repasser. Elle est tout de même dotée de l’air conditionné, que nous avons négocié pour un supplément de 3$ par jour ! Nous n’aurons pas à le regretter par la suite. La voiture est dépourvue de direction assistée. J’ai du mal à me réhabituer à cette mécanique rudimentaire. Nous retournons à l’hôtel pour boucler nos valises et prendre la route. Le premier plein à la station des pétroles mexicains Pemex me permet de tester le grand dévouement du pompiste, prêt à tout pour récupérer una propina . Avant de nous diriger vers Chichen Itza, nous décidons de faire une halte à Valladolid. Pour nous y rendre, deux possibilités s’offrent à nous : l’autoroute payante ou la route. Pensant emprunter la route, nous nous retrouvons finalement sur l’autoroute déserte qui trace de longues lignes droites à travers la jungle broussailleuse et plate du Yucatán. Notre bolide plafonne à 120km/h, mais il faut faire attention aux topes , ces ralentisseurs qui pullulent aux entrées et sorties de villages. Après 1h30 de route, nous bifurquons à la sortie Valladolid, pas mécontents de quitter cette autoroute, l’une des plus chères du monde. Le trajet nous a tout de même coûté 15US$ ! Créée en 1544 par Francisco de Montejo, cette ville coloniale assoupie et ignorée des circuits touristiques ne recèle pas de beautés frappantes, mais il fait bon se promener dans les allées ombragées qui bordent son Zocalo. Le centre historique dispose de quelques demeures de charme que nous découvrons en allant à la recherche du « Covento San Benardino », premier édifice chrétien du Yucatán érigé en 1560. D’allure massive avec ses pierres apparentes, l’édifice est typique de l’architecture originelle de la Nouvelle Espagne. De retour sur la place centrale, où trône une imposante église de style colonial, nous observons les femmes indiennes en costumes traditionnels venues vendre leurs broderies au marché local. Au Yucatán, on croise encore souvent les descendants des ethnies Mayas dont la civilisation atteignit son apogée il y a plus de milles ans. Nous déjeunons sous les arcades du « Restaurant del parque », une cantina typique. Le patron m’invite nonchalamment à m’asseoir d’un « Aqui amigo ! ». La salle est fort agréable avec ses banderoles aux couleurs du Mexique. Il est 13h30 et nous sommes les seuls clients car les locaux déjeunent plutôt vers 15h ! Après avoir sifflé une Corona et un Jugo de limon, nous enchaînons sur des quesadillas et des tacos especial à se relever la nuit.
C’est l’estomac bien rempli que nous reprenons la route au milieu de la campagne Yucatèque. Nous sommes à la recherche des fameux Cenotes, ces réservoirs d’eau au caractère sacré, nés de l’effondrement de voûtes calcaires et qu’utilisaient les mayas pour leurs cérémonies. Croyant avoir trouvé le Cenote Dzitnup, nous visitons en fait le Cenote Salina. Après nous être enfoncés 30m sous terre à travers un sombre escalier en colimaçon aux marches humides, nous débouchons dans une énorme grotte circulaire, remplie d’eau turquoise. Vingt mètres plus haut, les racines d’un arbre ont creusé un trou qui permet à la lumière de rentrée. Le spectacle est saisissant ! En sortant de la cavité, nous assistons à quelques actions d’une partie de Baseball dominicale qui a attiré la foule et déchaîne l’enthousiasme des locaux. A quelques encablures se tient le Cenote Dzitnup. Même descente impressionnante et même étendue d’eau. Mais pour jouir pleinement du spectacle, il faut se baigner, ce que nous ne ferons pas, la chaleur suffocante et la pénombre ne nous inspirant guère.. Nous revoici sur le parking. Je boucle ma ceinture et prends la direction du site archéologique de Chichen Itza, qui n’est plus qu’à 80km. Nous atteindrons l’endroit vers 16h. L’entrée est gratuite aujourd’hui dimanche. Avant d’entamer la visiter, nous décidons de déposer nos affaires à l’hôtel. Mais après un quart d’heure de recherche infructueuse à travers les ruelles poussiéreuses du bourg, nous filons directement vers la zone archéologique. A cette heure, la plupart des groupes de touristes sont sur le retour, mais l’endroit est encore assez fréquenté. Le spectacle du Castillo, pyramide de 25m posée au milieu d’une immense pelouse, entouré de jungle, est vraiment saisissant. Nous débutons par la visite du Juego de pelota, où les Mayas jouaient à un jeu de balle aux règles encore mal connues. Il existe huit terrains sur le site de Chichen Itza. Mais, celui qui jouxte le Castillo est le plus grand et le mieux conservé du Mexique. A quelques pas de là, un temple est orné de statues représentant des têtes de mort. C’est ici que les têtes des sacrifiés étaient exposées. Nous nous perdons dans le complexe du temple aux milles colonnes. Près du temple des guerriers, chaque colonne est sculptée d’inquiétants hommes en armes. Nous décidons de gravir les marches qui mènent au Castillo, pyramide à 9 niveaux. La montée est raide et éprouvante, mais, arrivés en haut, le spectacle est à la hauteur. La vue sur le temple des milles colonnes est incroyable. Et, toute cette jungle à perte de vue aux alentours ! Il est 18h, le site va fermer, nous regagnons notre véhicule.
Dans la grande rue du village de Piste, nous remarquons un hôtel portant un nom similaire à celui que nous cherchons. Renseignements pris, c’est bien le nôtre qui a changé de propriétaire. Construit dans le style d’une ancienne hacienda, il est fort agréable, tout comme notre chambre meublée dans le plus pur style local. Afin de nous remettre de cette longue journée, nous faisons quelques brasses dans la piscine. Vers 20h, nous sortons pour nous installer sous la palapa d’un établissement local. Le personnel semble totalement se désintéresser de notre arrivée. Ce sont deux clientes qui prendront nos commandes et qui viendront nous servir : du jamais vu ! Au menu, de fines lamelles de porc marinées à l’orange : le Puerco a la Yucateca. Le tout arrosé d’une petite Sol : simple mais efficace ! |
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