Vendredi 04 octobre 2002, Hôtel Cencali, Villahermosa

« Je suis venu au Mexique cherché une nouvelle idée de l’homme »

Antonin Arthaud


Invariablement, c’est à la première heure que nous quittons la ville des flibustiers. Après un arrêt à la première station Pemex où un pompiste regonflera nos pneus, nous nous retrouvons sur la route côtière qui mène à Villahermosa, situé à 400 km d’ici. Le trajet promet d’être long !

Question monotonie, ce ne seront pas les embûches qui manqueront. Au bout de quelques kilomètres : première déviation. Nous passons par le haut d’un village afin d’éviter la route centrale, complètement inondée par un cours d’eau qui a débordé de son lit, suite à l’ouragan. A Champoton, la route côtière est impraticable. Des militaires ont été appelés à la rescousse et assurent les affaires courantes. Slalomant entre les camions, je me fraye un chemin et trouve une issue par la route 180, quitte à faire une cinquantaine de kilomètres supplémentaires. Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises ! Après une centaine de kilomètres, alors que nous filons à vive allure, la route est soudain barrée par un amas de troncs d’arbre. En y regardant de plus près, un petit panneau « deviacion » indique un minuscule chemin de terre rouge qui s’enfonce dans la forêt. La mention « solo vehiculo legero » parle d’elle-même. Nous nous engageons prudemment dans l’étroit chemin qui serpente de manière chaotique entre les arbres. Le début est amusant, j’ai l’impression de faire du rallye. Mais, lorsque le sol se fait plus gras, plus boueux, et que la route commence à grimper, je ne fais plus le poids avec ma Hyundaï ! D’autant plus que des véhicules arrivent en sens inverse… Par miracle, nous arriverons à passer sans encombres et lorsque revenu sur l’asphalte, je me retourne pour connaître la raison de cette déviation, le spectacle d’une route entièrement inondée où nagent d’énormes camions, se passe de commentaires.

Nous traversons l’état du Campeche et faisons une brève incursion au Chiapas, où nous prendrons notre pause déjeuner lors d’un arrêt express au bord de la route. Au programme : bière et tacitos. C’est basique mais au bout du 6 éme tacos, on commence à être quelque peu rempli. Encore une heure de route et Villahermosa sera en vue. Le trafic des poids lourds s’est intensifié. Il est bientôt 15h, nous arrêtons notre véhicule au ParqueMuseo La Venta, situé aux abords de la ville. Son concept est intéressant. Dans une jungle dense, des objets et monuments Olmèques ont été disséminés le long d’un parcours interactif. Cette civilisation vieille de 3 000 ans était présente sur tout le golfe du Mexique. Le parcours est assez agréable. Le promeneur serpente dans une jungle épaisse, au milieu d’animaux en liberté, tous inoffensifs pour l’homme.

D’énigmatiques idoles de pierre sont parsemées de part et d’autre du chemin. De flamboyants perroquets poussent des cris perçant tandis que nous tombons nez à nez avec le gigantesque visage négroïde d’un guerrier Olmèque. Des petits rougeurs au nez allongés nous observent dans les sous bois. Peu farouches, les membres de la petite colonie de Coati nous suivent hardiment à la recherche de nourriture. Laure est tétanisée ... Que dire lorsque nous passons dans les parages du bassin des crocodiles ou somnole un énorme spécimen ! Reste que la vision la plus spectaculaire fut pour moi celle du Jaguar, animal mythique par excellence. La beauté de son pelage, la férocité de son regard lorsqu’il me montre ses crocs en rugissant ne peuvent qu’attiser ma fascination.

Après deux heures de visite, nous quittons le parc et nous installons au moderne Hotel Cencali. Quelques brasses dans la piscine et nous sirotons une Pinà Colada en lisant le journal local. Derrière nous, la lagune est blanchie par les hérons. Nous quittons les lieux à l’arrivée d’une famille mexicaine grassouillette et de quelques hommes d’affaire. De retour dans le chambre, Laure me suggère de ne pas me casser la tête ce soir et d’aller manger chez Pizza Hut. Le seul souci est que le restaurant est fréquenté par la jeunesse dorée de Villahermosa et que l’ambiance y est très bruyante. Une bande de jeunes ados mexicains fête un anniversaire… De retour à l’hôtel, une mini tornade s’abat sur nous. Le vent fait bouger les arbres et la pluie est très intense : impressionnant !

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