Samedi 05 octobre 2002, Hotel Maria Eugenia, Tuxla Gutierrez

« Le chant mexicain éclate en jurons, étoiles de couleurs qui s’éteint, pierre qui nous ferme la porte du toucher. La terre a saveur de terre vieillie. »

Octavio Paz, Hymne à travers les ruines.


Nous savions que la route qui mène de Villahermosa à Tuxtla ne serait pas une partie de plaisir, mais pas à ce point !

Tout avait bien commencé en une belle matinée ensoleillée. Nous quittons Villahermosa pour nous diriger vers l’état du Chiapas. Alors que la route s’élève, nous sommes éblouis par la lumière qui inonde la verte campagne. La première heure de route est un régal. Mais, à force de tourner, nous commençons à être malade, et au bout de 5h, je ne vous raconte pas ! Afin de ne pas rendre, nous sommes obligés de faire des petits arrêts répétés. Nous devons également faire un arrêt forcé. Une patrouille militaire nous arrête pour un contrôle de routine. Aïe ! D’une part, je n’ai pas de permis (juste une photocopie), et d’autre part, je ne retrouve plus les papiers du véhicule. Les militaires compréhensifs nous laisseront néanmoins repartir, après avoir détaillés chaque millimètre de mon passeport. Quelques kilomètres plus loin, je me fais une frayeur alors que je percute dans un grand fracas un énorme trou au milieu de la route. Je pense avoir tout explosé, mais après vérifications, tout semble OK. Je maudis néanmoins ma Hyundaï, car en seconde dans les côtes, à 30km/h à fond le champignon, j’ai l’impression que tout va exploser ! Vivement que l’on arrive…

Nous voici enfin à Chiapa de Corso. Après un petit tour sur la place centrale, où nous sirotons un Coca Cola, nous nous dirigeons vers l’embarcadère pour partir à la découverte du Canon Del Sumidero. Il faudra attendre une demie heure avant de comptabiliser une petite dizaine de personnes. Soit, nous voilà embarqués. Mais, à l’horizon se dessine un gros orage. De toute façon, nous ne pouvons plus reculer. Nous avançons à pleine vitesse dans les eaux troubles du Rio Guijalvo. Autour de nous, les imposantes falaises du canyon s’élèvent de plus en plus abruptes. ça y est, la pluie commence à tomber. Heureusement, avec la vitesse de notre embarcation, nous sommes relativement épargnés. Tout ceci ne semble perturber en rien la faune qui habite le canyon. Des hérons, des pélicans et des Martins pêcheurs s’adonnent à leurs activités favorites. Nous sommes désormais en plein orage. Les gouttes d’eau fouettent mon visage et caché sous ma casquette, je peine à lever la tête pour admirer les imposantes parois du canyon qui mesurent près de 1 000 mètres à cet endroit. Mon dieu, que c’est lugubre… Nous faisons une première halte à la cueva del silencio, une grotte accessible en bateau, où s’est installée une colonie de chauves-souris. Alors que nous pénétrons l’obscure comité, je sens que des projections humides me tombent dessus dans un concert de cris stridents et d’odeur nauséabonde. Nous reprenons notre parcours. Au milieu du canyon, notre chemin est obstrué par un barrage d’immondices. Je ne comprends pas très bien les explications de notre conducteur, mais il semble qu’un programme de nettoyage soit en cours. Triste spectacle. Nous arrivons au point culminant du canyon et la pluie s’est enfin calmée. C’est du haut de ces parois que les indiens Totzils se sont jetés pour échapper aux espagnols, préférant la mort à la reddition. Sur notre chemin, nous observons de jolies chutes d’eau. L’une d’entre elles, appelée « arbre de Noël », est une véritable curiosité. La végétation s’est implantée sur la roche et donne à l’ensemble un aspect de sapin de Noël ! Nous arrivons bientôt au barrage, à peu près à 30 kilomètres de l’embarcadère. Le soleil commence à pointer. Sur le chemin du retour, nous faisons halte sur les bords vaseux du fleuve. A priori, il n’y a rien à voir, mais si l’on fait bien attention, on se rend compte que ce ne sont pas des troncs d’arbre qui jonchent le sol, mais des crocodiles ! Il y en a des dizaines parfaitement camouflés dans la vase et dans l’eau boueuse. Impressionnant.

Voilà, après deux heures de ballade, nous sommes de retour à l’embarcadère, certes un peu frustrés par le temps, mais ravis de toute façon : même avec un grand soleil, la canyon reste lugubre. Nous retrouvons notre voiture sur la place de Chiapa et nous rendons en 30mn par la voie express à Tuxtla Gutierrez, la capitale du Chiapas. Nous trouvons sans difficulté notre hôtel Maria Eugenia, situé près du centre. Ils n’ont pas de réservation à notre nom, mais ce ne sont pas les places qui manquent à cette époque de l’année. Il est 19h, nous allons faire un tour sur la place centrale et sa basilique moderne, où est célébré un mariage. Dans un kiosque, un orchestre joue de la musique. La nuit commence à tomber. Au restaurant la Torta vaquera, nous faisons un malheur sur les tacos sous le regard du serveur admiratif. Sur le chemin du retour, nous dégustons une Pina Colada à la mode du Chiapas : une montage de glace pilée nappée de liquide coco-ananas !

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