Samedi 12 octobre 2002, Hôtel Holiday Inn Punta Maya, Chetumal

« Et c’est ainsi parfois que je pense à moi même comme à un grand explorateur qui, ayant découvert un extraordinaire pays n’en peu jamais revenir pour faire don au monde de son savoir, mais le nom de ce pays est enfer. Ce n’est pas au Mexique bien sur mais dans le cœur. »

Malcolm Lowry, Au-dessous du volcan


Malgré l’absence de climatisation, la nuit fut excellente. Avant de rendre les clés de notre chambre, nous décidons d’entreprendre la visite du site de Chicanna, situé juste en face de l’hôtel. « Chicanna » signifie littéralement en langue Maya « Maison de la gueule de serpent ». Laure n’est pas rassurée en s’engageant dans l’étroit sentier qui mène à la zone archéologique. Quant à moi, je m’asperge un maximum de répulsif anti-moustiques sur le corps. Mais ces diables d’insectes semblent particulièrement féroces ce matin. Les rares endroits de mon visage où j’avais omis de m’enduire deviennent leurs cibles privilégiées. Cela aura tendance à quelque peu gâcher le plaisir. L’édifice le plus intéressant de Chicanna est une magistrale porte d’entrée prenant la forme d’une saisissante bouche d’un serpent encadrée de diverses ornementations. Très surprenant ! Après la visite, nous faisons un bref passage à l’hôtel, avant de nous lacer sur les interminables routes qui traversent l’état du Campeche, puis du Quintana Roo.

Nous arrivons vers 12h sur Chetumal, la moderne capitale de l’état, et nous installons à l’Holiday Inn Punta Maya, situé en plein centre ville. Les chambres sont spacieuses et modernes. L’établissement est imposant et je me perds de retour du parking pour retrouver Laure à la réception. Il est 13h, nous descendons dans la rue où règne une grosse chaleur. A quelques pas de là, le restaurant familial Pantoja nous offre une classique comida corrida accompagnée d’un gigantesque verre de limonada. Le repas terminé, nous traversons péniblement la ville qui nous semble endormie en ce samedi. Les banques sont fermées, ce qui nous obligent à tirer de l’argent à un distributeur. La plupart des commerces ont leur vitrine baissée. L’ambiance est assez morose. Nous longeons le boulevard jusqu’à la mer sous une chaleur accablante.

Du coup, pour briser cette dynamique de torpeur, nous décidons d’aller nous rafraîchir à la Laguna Bacalar, lagune d’eau translucide, posée au milieu de la jungle, et située à 40km de Chetumal. Nous bifurquons à quelques kilomètres du village de Bacalar afin de suivre la route côtière. La transparence des eaux a de quoi surprendre. Des villas aux styles hétéroclites et aux tons pastels sont construites sur les rives du lac. Nous prenons la direction du balneario, fort fréquenté par les locaux en ce jour chômé. Ambiance pittoresque assurée ! La musique latino nous chatouille les tympans et les odeurs de fritures les narines ! Nous nous installons sous une palapa et commandons deux cocas en regardant l’approche de gros nuages venus de l’est. Alors que quelques gouttes commencent à tomber, nous quittons la laguna pour visiter le vieux fort espagnol, qui domine la bourgade de Bacalar. Mais, celui-ci est fermé pour rénovation. Soit ! Nous rentrons tranquillement sur Chetumal, malgré les travaux d’assainissement qui compliquent fortement l’accès au centre ville.

Depuis notre hôtel, nous n’avons qu’à traverser la rue pour nous rendre au « Museo de la cultura maya », seule curiosité véritablement intéressante à Chetumal. Le musée présente les différents aspects de la culture Maya d’une façon à la foi didactique et ludique. Et comme le bâtiment qui l’héberge est une réussite architecturale, et que les collections sont très bien mises en valeur, il ne faut pas se priver de cette visite. Le musée et conçu sur trois étages, conformément aux trois mondes des mayas. Au rez-de-chaussée, se trouve le monde des hommes, où sont expliqués leur vie quotidienne, leur organisation sociale, leur architecture, ainsi que la faune et la flore qui peuplent ces contrées. Au sous-sol, c’est l’inframonde, demeure des dieux, que tout homme rejoindra un jour à sa mort. Enfin, au premier étage, le monde du supranaturel, où règne le divin serpent à plume. L’étude des astres avait permis aux Mayas de mettre au point un étonnant calendrier et un système de comptage d’une complexité et d’une exactitude incroyable ! Bref, nous sortons enchantés de cette visite. Après une brève pause à l’hôtel, nous prenons notre dîner dans une taqueria de quartier, où nous faisons un festin des diverses préparations : tacos de res, de bistec, à la campechina, quesadilla, queso fundito ! De quoi bien se remplir l’estomac… Etonnement, les rues sont maintenant plus animées. C’est certainement parce que la chaleur a baissé d’un ton en cette heure tardive.

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