Vendredi 02/03/2001, Aéroport de Madrid

"Je suis un homme sincère venu du pays ou le palmier et roi,

avant de mourir, je souaite réciter ces quelques vers qui me viennent du font du coeur.

Je veux partager le sort des plus malheureux de la terre et ce ruisseau qui coule

dans la montagne me réjouit d'avantage que la mer "

Jose Marti, Versos Sencillos 1891

 

Six heures trente du matin, une pluie fine arrose le périphérique parisien, encore fluide en cette heure matinale. La morosité de ce début de printemps francilien ne fait qu’augmenter notre impatiente de goûter enfin aux charmes des tropiques. Mais Cuba n’est pas pour moi le simple paradis vanté par les dépliants touristiques. Certes, le climat et la végétation que lui confère sa latitude sont des arguments de poids, mais ce sont avant tout ses richesses culturelles et humaines qui m’ont attirées vers elle. Ne dit on pas que la plus belle découverte que l’on fait sur l’île est le peuple cubain ? C’est en tout cas la seule destination des Caraïbes qui offre un tel cocktail d’attraits. Je quitte donc Paris plein de curiosité et d’attentes pour ces dix jours de découverte. Arrivés en avance à l’aéroport d’Orly, nous avons l’opportunité de prendre plus tôt que prévu la correspondance pour Madrid. L’avion qui nous était destiné ayant déjà pris plus d’une heure de retard, nous n’hésitons guère et embarquons prématurément pour la capitale espagnole. L’arrivée sur la cuvette madrilène est assez difficile. Notre coucou subit des turbulences et Laure ne se sent pas très bien. Elle a du mal à digérer le croissant au jambon servi en guise de petit déjeuner. Je lui tends in extremis un petit sac blanc estampillé « Iberia ». Elle y déposera un souvenir très personnel. Voilà un voyage qui commence bien ...

Après avoir errés trois heures dans les salons ultra modernes de l’aéroport madrilène, nous prenons place comme prévu sur le vol de 17h à destination de la Havane. Nous sommes confinés au fin fond de l’avion. Par habitude, Laure dépose à ses pieds son petit sac de toile qui l’accompagne au cours de nos voyages (celui qu’elle a égaré dans un taxi a Bangkok avant de le récupérer miraculeusement ...) Mais le sol est imbibé d’un liquide malodorant et son sac se transforme aussitôt en éponge. D’après le steward, pas d’inquiétude, ce n’est qu’un surplus de détergent en provenance des toilettes de l’avion. En vidant sa besace pour la faire sécher, Laure perd son stick à lèvres qu’elle recherchera infructueusement pendant les 8h de vol avant de le retrouver soigneusement rangé dans sa poche intérieure. Bref, du grand classique ! Voilà, il est désormais 21h heure locale, le 747 amorce sa descente vers La Habana. Mais avant d’avoir le privilège de fouler la terre cubaine, passage obligé devant les services d’immigration. La queue est impressionnante et il faut faire preuve de patience pour passer par la petite guérite où un employé du ministère de l’intérieur vérifiera consciencieusement la validité de nos différents documents avant de tamponner nos passeports. Laure devra même ôter ses lunettes avant d’être soigneusement détaillée par un douanier suspicieux qui ne la reconnaissait pas sur son passeport. Une fois débarrassés de ces formalités, nous récupérerons péniblement nos bagages et franchissons enfin les portes de l’aéroport. C’est un nouveau monde qui s’offre à nous. Population métissée, ambiance sensuelle et moiteur tropicale : Bienvenido a cuba ! Un crochet au Bureau de la compagnie d’état « Horizontes » nous permet de récupérer les coupons de nos nuits d’hôtels. Puis dans le minuscule local de location de voiture, une jeune métis aux jambes interminables me remet les clés d’une Audi A4 1.8 Turbo : rien que cela !

Mais c’est ici que commence le plus difficile : rejoindre l’hôtel Capri, ancien fief de la mafia italo-américaine et situé au cœur du Vedado, en plein centre de la Havane. Les routes sont dépourvues de panneaux directionnels et les lumières quasi absentes, ce qui ne facilite pas notre tâche. Pour tout arranger, le pare brise est étrangement auréolé d’une épaisse buée opaque qui refuse obstinément de disparaître malgré la climatisation. Je suis donc obligé de conduire à l’oreille ! Mais après quelques demi-tours et maintes hésitations, nous atteignons enfin les chaudes nuits de la Havane. Il est un peu plus de minuit. Le temps de garer la voiture dans le parking surveillé de l’hôtel Nacional et nous voilà au 9ème étage de la tour délabrée des années 50 qui héberge l’hôtel Capri. Une bonne nuit de sommeil s’offre à nous.


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