Dimanche 04/03/2001, Hotel la Ermita, Vinales

"Un pays obsédé par l'idée de tirer la richesse de sa misère... "

Zoé Valdès, "Le Néant Quotidien"

Il est 8h, nous reprenons la route en direction de la Cueva del indio, un complexe de grottes qu’utilisaient jadis les indiens autochtones aujourd’hui entièrement disparus. Nous faisons la visite guidée avec une famille sud-américaine assez indisciplinée, à moins que ce soient des exilés de Floride de retour au pays ? Après quelques centaines de mètres de marche à travers les galeries illuminées de la grotte, nous prenons une barque pour en explorer les confins. La petite embarcation à moteur frôle à faible allure les parois suintantes de la cavité. Puis soudain, nous débouchons à l’air libre. Voici une amusante entrée en matière...

Nous décidons ensuite de retourner au village de Vinales. La vie s’articule autour d’une artère principale et d’une placette centrale où se dresse une église blanche de style coloniale dont le parvis aborde fièrement la statue de José Marti, héros de l’indépendance et poète de grande renommée (Un ombre sincero). A gauche du même parvis se trouve la flamboyante Casa de la cultura récemment repeinte de couleur vive. Descendre à pied cette artère centrale est une expérience unique. On y croise encore quelques Barbudos sur leurs chaises à bascule en train de contempler le spectacle de la rue. Des familles entières sont réunies le long des colonnades pastels de ces anciennes demeures.

Après cette paisible halte, nous prenons la direction du Mural de la Prehistoria, immense fresque d’inspiration politique peinte à même la roche d’une Mogote et sensée représentée l’évolution humaine de la préhistoire jusqu'à son apogée, l’homo socialistus. A quelques encablures de la fresque, nous nous engageons le long d’un chemin poussiéreux qui serpente autour d’un ensemble de Mogotes. Nous errons à travers les champs de tabac et les maisons de paysans locaux : les guajijos. Sur le chemin, les poules et autres porcs sont légions. On comprend mieux pourquoi ils servent de nourriture de base à tout le pays. De temps à autre nous croisons un homme à cheval. Cigare aux lèvres, coiffé du fameux chapeau de paille des « cow boys » cubains, il nous salue d’un Ola ! sonore. Mais ce qui frappe le plus, c’est la beauté naturelle de cette vallées aux paysages peu communs. Le vert tendre des feuilles de tabac ne fait que ressortir l’ocre de la terre qui tranche déjà tellement avec l’azur des cieux. Nous bouclons les 6 kilomètres de l’itinéraire et prenons un rafraîchissement dans une gargote locale (Cerveza Cristal, por favor !), avant de reprendre la voiture pour le centre de Vinales.

La faim ayant fait son apparition dans nos estomacs, nous entrons au feeling dans un restaurant assez lugubre (Le Bar Las brisas) qui propose un repas complet pour moins de 5 $. Au menu, porc grillé et poulet frit, le tout accompagné de bananes frites et de malangas frites (sortes de racines). La recherche culinaire est assez limitée, mais cela se laisse bien manger. Nous reprenons la route vers les plants de tabac dans l’espoir de refaire une petite ballade, mais Laure étant fatiguée, nous regagnons finalement l’hôtel plus tôt que prévu. C’est dans la piscine de celui-ci que j’écris ces quelques lignes en essayant de faire abstraction de la sono qui hurle des airs de Salsa. De retour dans notre chambre, nous décidons de prendre une douche afin de nous remettre de cette journée. Laure me devance, mais au bout de quelques instants, je l’entends pousser des hurlements : « Thomas, viens vite ! ! ! ! ! ! ! ». Je me précipite un peu affolé pour découvrir que la douche était déjà occupée par un charmant animal aux yeux globuleux et à la peau verte : une adorable grenouille ! Remis de nos émotions, nous redescendons sur les coup de 19h vers le village, dans l’espoir de déjeuner dans un des paladares conseillé par le Guide Lonely Planet. Les paladares sont des restaurants privés qui moyennant le paiement d’un fort impôt peuvent recevoir un maximum de 10 convives dans un coin de leur salle à manger. Mais le paladar que nous cherchions à visiblement fermé. Nous nous résignons donc à retourner à « La casa de Don Tomas » où Laure mangera un poulet frit et moi un « Bistec à la plancha » pour changer. Mais l’endroit est agréable et le Mojito aussi ...


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