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01/10/2001, Pacific
Hotel, Mandalay
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« For the wind in the palm trees an’ the temple bells they say Come you back you British soldier, come you back to Mandalay » Rudyard Kipling Mandalay Le réveil sonne, il est 6h30. D’un geste machinal, je tire le rideau de la chambre 702 et c’est sans surprises que je découvre les rues inondées. La pluie tombe encore, bien que son intensité semble baisser légèrement. Nous prenons notre petit déjeuner dans l’impersonnelle salle à manger de l’hôtel où je me concocte un thé à la mode birmane que j’accompagne de beignets et de fruits exotiques. En sortant de l’hôtel, nous retrouvons comme prévu Jo Jo et l’un de ses amis taxi qui nous conduira à l’embarcadère d’où partent le bateaux pour Mingun, sur l’autre rive de l’Irrawaddy. Pour 500 Ks, nous embarquons sur un petit raffiaud de bois. Installés tranquillement sur le toit, nous observons l’activité du fleuve. Malheureusement la visibilité est très mauvaise à cause du fort taux d’humidité ambiant et d’un ciel blanc. Il faut néanmoins songer à se protéger du soleil car malgré la couleur des cieux, il peut faire des dégâts. La remontée du fleuve jusqu'à Mingun dure 1h15 et l’on voit se dessiner au loin derrière une pagode blanche l’imposante silhouette de la paya Mingun, rêve fou et inachevé d’un souverain birman. Alors que nous débarquons sur la rive par une planche de bois, nous sommes accueilli par un groupe de villageois fort entreprenant qui ne tardent à nous solliciter pour l’achat de divers souvenirs. Mais l’intervention sèche d’un policier refroidira vite leurs ardeurs. Nous débutons la visite par la gracieuse pagode Settawya, entièrement blanchie à la chaux. Jo Jo nous explique pourquoi chaque pagode birmane est gardée par des statues de lions. La légende raconte qu’il y a très longtemps, la fille d’un puissant roi se maria avec un lion, car seul un animal pouvait satisfaire son grand appétit sexuel ! Elle partie donc vivre recluse dans la forêt et eu de lui un fils. Mais elle dû vite se rendre à l’évidence : ils n’appartenaient pas au même monde et une union durable était en fait impossible … Aussi tenta-t-elle un beau jour de s’enfuir avec son fils pour retourner dans le monde des hommes. Le lion, pris d’une terrible colère s’en rendu vite compte et parti à leur poursuite. Il finit par les rejoindre à l’orée de la forêt. Il s’en suivra un dialogue de sourd à l’issu duquel le fils tuera son père d’une flèche en plein cœur. Quelques années plus tard, alors que le fils parricide accédait au trône du royaume, il fut frappé d’une étrange maladie. Consultant les meilleurs astrologues du pays, ceux-ci lui préconisèrent, comme seule solution à ses maux de mettre devant chaque pagode deux statues de lions pour garder les lieux. C’est ce qu’il fit et il s’en fut guérit. Depuis ce jour, toutes le pagodes birmanes disposent de leurs félins gardiens ! Nous nous dirigeons alors vers la paya Mingun, phénoménal amoncellement de briques qu’il est impressionnant de gravir. Née de l’esprit mégalomane du roi Bodawpaya, ce projet grandiose à coûté la vie à de nombreux esclaves et prisonniers de guerre et fut interrompu à la mort du despote. La terrasse de la pagode permet d’embrasser d’un seul regard l’ensemble du village et des centres d’intérêts alentours, même si le chemin qui y mène est loin d’être aisé. Nous visitons ensuite la pagode Hsinbyume au milieu d’une troupe d’enfants braillards. Atypique, sept terrasses entourent sont zedi. Elles représentent les 7 chaînes de montagne qui bordent le mont Meru, lieu mythique de l’hindouisme. A quelques pas de là, nous admirons la plus grande cloche en activité du monde. Celle-ci est gardée par un groupe de nonnes qui se disputent ma modeste donation. Nous retournons calmement vers l’embarcadère, non sans avoir fait une halte à une maison de thé ou nous dégustons au passage des fritures en tout genre, haricots, poissons, légumes, le tout froid ! Avis aux amateurs. Le retour dans le sens du courant sera plus rapide (35 minutes). Nous avons préféré nous abriter du soleil à l’intérieur du bateau. Jo Jo fait un petit somme affalé dans une chaise longue... A l’arrivée, son ami chauffeur de taxi n’est pas au rendez vous car il est tombé en panne ! Soit, c’est son frère qui le remplacera. Nous voilà donc embarqués dans ponton arrière du Mazda triporteur bleu en direction de Sagaing, distante de 20km. Voyager dans ce type de véhicule est assez éprouvant. On est rapidement couvert de poussière et rempli des effluves émises par le vieux moteur diesel, tout en vibrant sur les inconfortables banquettes en plastique. En résumé, 45 minutes de bonheur ! Mais les collines de Sagaing sont désormais en vue. Nous débutons à pied l’escalade de l’une d’entre elle. Laure commence à se lasser de ces montées à répétition. Mais ce qui nous attend au sommet est à voir. La pagode Soon U Ponya Shin ressemble à une maison de poupée dans sa débauche de couleur et l’étrangeté des figurines qui constituent son décor. Un groupe de villageois en pèlerinage déambule dans ses coursives. Ils ont sortis leurs tenues d’apparat et paraissent très intrigués par notre présence. Je semble faire de l’effet sur les jeunes filles du cru car elles insistent pour être prises en photo avec moi ! Un moine est venu me parler. Il me commente la visite de la pagode. J’apprécie tout particulièrement le moment où il me montre la photo d’un général venu honorer de sa présence le lieu saint. Il me glisse sourire au lèvre, que ce brave homme n’est plus de ce monde, son avion s’étant écrasé il y a quelques mois. On me réclame 50 Ks pour le droit de photo mais je refuse de payer estimant que les 4 $ que j’ai payé à l’entrée sont largement suffisants. La vue sur la campagne environnante vaudrait le coup d’œil si il n’y avait pas cette brume … Jo Jo, qui pour nous suivre à été contraint de jeûner, n’a pu tenir plus longtemps et est désormais attablé à un restaurant de fortune situé au cœur de la pagode. Il nous rejoint et nous nous dirigeons à pied vers la pagode Umin Thonzeeh (« des 30 grottes ») qui possède 30 niches contenant 45 statues de l‘éveillé. La marche est légèrement difficile et je commence à souffrir des pieds (c’est l’effet tongs). Jo Jo se moque de moi et prétend que mes tongs taille 14 (c’est ce qui existe de plus grand en birmanie !) sont un modèle « spécial boue », des écrases merde quoi ! Nous redescendons néanmoins la colline par la route des monastères. Il y en aurait plus de 1000 à Sagaing. Je vous laisse donc imaginer l’ambiance qui baigne l’endroit. Ici, point d’habitations, uniquement la quiétude de ces lieux de méditation. Au cours de notre descente, nous croisons quelques groupes de mendiants lépreux dont le râles inquiétants et les visages rongé par la maladie ne sont pas fait pour rassurer. Nous retrouvons notre taxi, traversons le village pour nous arrêter chez un artisan en dinanderie (spécialisé dans le travail de l’argent repoussé). Nous observons avec intérêt les différentes étapes de fabrication et Laure est prête à craquer pour un bracelet. Mais ici, aucune pression à l’achat. On ne nous force pas la main, et la patronne, dont la fille étudie le français nous fera un grand sourire lorsque nous repartirons les mains vides. Une dernière halte pour observer Ava de l’autre côté de la rive du fleuve Irrawaddy et nous regagnons Mandalay dans la pénombre. Il est environ 18h. 45 minutes plus tard, nous sommes de retour à l’hôtel. Il est temps de prendre congé de Jo Jo. Il aurait bien aimé venir avec nous demain à Maymyo, car lorsque je lui dit que j’ai déjà réservé un taxi pour 20 $ la journée, il me dit que c’est trop cher, qu’il fallait y aller en bus et louer une Jeep sur place. Certes, mais nous commençons à être fourbus et le taxi nous semble cette fois être la meilleure option. Il nous salue chaleureusement et nous dit avoir apprécié de pouvoir pratiquer le Français avec nous pendant ces deux jours. Je lui glisserais au passage un gros billet vert pour services rendus. A peine le temps d’enfiler une chemise à manche longue pour se protéger des moustiques que nous hélons un trishaw qui nous conduit au Kodak Express pour récupérer nos quatre pellicules. Dans la foulée, il nous mènera vers un restaurant conseillé par le Lonely Planet, mais celui-ci à fermé depuis deux ans ! C’est du moins ce que nous indique le nouvel occupant des lieux. Pas grave, notre chauffeur dit connaître le meilleur restaurant Bamar de Mandalay et il n’est pas très loin ! Cinq minutes plus tard, il nous dépose devant le dit restaurant, ouvert sur la rue. A première vue, il ne paie pas de mine, mais il a le mérite d’être très fréquenté par les autochtones, ce qui est bon signe. A la table d’à côté, un couple d’allemand accompagné de leur guide s’inquiète de savoir si ce restaurant est mentionné comme une référence en la matière dans notre Lonely Planet. Ici, pas de menu, il faut aller à un grand comptoir et montrer ce que l’on veut. Je prendrais un curry de crabe et Laure un curry de poisson. Mais à ma grande surprise, on nous apportera un nombre impressionnant de plats. J’en compterai 18 en tout. Et encore, j’en refuse la moitié … Cela va de l’excellent (curry de crabe, salade aux cacahouètes, soupe aux haricots), à l’immonde (sorte de vomi de nourrisson au charbon de bois et à l’odeur putride). Mais l’expérience est néanmoins globalement positive. De retour à l’hôtel, nous passons en revue nos photos toujours un peu décevantes comparées à ce que nous avions en tête. |
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