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30/10/2001, Pacific
Hotel, Mandalay
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« Rangoon est la réponse des colonisateurs victoriens aux richesses immatérielles qui font la gloire de Mandalay » Norman Lewis, Terres d’Or Dimanche Comme prévu, nous consacrerons notre journée à la découverte d’Amarapura, qui fut au milieu du 18éme siècle et pendant 50 ans la capitale du royaume de Birmanie. La nuit a déchaînée les éléments et au réveil, nous constatons avec effroi les dégâts. Il y a 10 cm d’eau dans les rues à 7h du matin ! Pas terrible pour une ballade à vélo... Mais le soleil aidant, le bitume sèche vite et l’eau s’évapore à une vitesse étonnante. Nous tenterons finalement notre chance… Après un classique petit déjeuner, nous passons un accord avec deux jeunes filles de la réception qui nous loueront leur propre vélo pour la journée ! Le personnel des hôtels est toujours très conciliant et quoi qu’on leur demande, ils ont toujours une solution ! Ce sont de coquets vélos de femmes aux couleurs vives et je suppose que cela doit être la raison de la risée générale qu’entraîne mon passage dans les rues de Mandalay. Nous avons retrouvé Jo Jo et son vélo à la sortie de l’hôtel. Il nous conduit tranquillement vers le sud de la ville, prenant des chemins de traverse en cette matinée baignée de soleil. Le spectacle du quotidien est toujours aussi saisissant. Les habitants de Mandalay sont levés depuis 5h du matin et l’activité bat son plein. Les moines et les nonnes, leur bol à aumône dans les bras sont partis en quête des offrandes qui constitueront leur repas quotidien. Lors d’une première halte, nous observons avec intérêt le travail de sculpteurs sur marbre dont la production de bouddhas de toutes tailles est impressionnante. Le quartier approvisionne les pagodes du pays tout entier mais également celles de Chine et de Thaïlande. La route nous conduit désormais jusqu’à la pagode Mahamuni et son très vénéré bouddha de l’Arakan. Mais nous serons refroidi par les 5$ d’entrée. Après 45 minutes de trajet, nous approchons d’Amarapura. Le lac Thaungtaman est en vue et il faut avouer que l’ambiance calme et champêtre tranche avec l’agitation de Mandalay. Nous souhaitons être à 10h au grand monastère de Mahaganayon afin d’assister au repas des 3000 moines qui y étudient. Ayant un peu de temps devant nous, nous déambulons dans les allées du Kyaung Aung San Tha, premier monastère fondé à Amarapura et fortement modernisé depuis. Un imposant bouddha couché des plus kitsch trône au milieu du jardin. Nous pouvons désormais nous diriger tranquillement vers le monastère. Aujourd’hui est un jour particulier. Des pèlerins sont venus spécialement de Rangoon pour offrir un repas aux moines. Alors qu’approche l’heure du déjeuner, il est impressionnant d’observer ces petits hommes à l’aspect souvent juvénile, le crâne rasé et le visage impassible venir sagement s’aligner en attendant d’être servi. Dès que le signal est donné, ils passent à travers la haie que forment les pèlerins qui leur distribuent de copieuses rations de riz blanc. Après avoir assisté à cet impressionnant défilé de moines, novices ou confirmés, j’entre dans la salle où ils prennent leur repas afin de mieux observer la scène. Ils ne semblent pas perturber le moins du monde par ma présence. Certains me sourient, la plupart m’ignorent. Leur repas est expédié rapidement dans un étonnant silence, et après avoir consciencieusement nettoyé leurs bols, ils retournent à leurs études. Inoubliable moment... Il est désormais temps de franchir le pont U Bein, étroit ouvrage de bois qui relie à la berge le village de Thaungthaman par delà le lac du même nom. Ce frêle passage existe depuis le milieu du XIXème siècle et fait plus d’un kilomètre de long. Des pêcheurs, le corps à moitié immergé dans les eaux guettent le poisson, impassibles. Pour ceux qui auraient un petit creux, des vendeurs ambulants proposent crevettes et petits crabes frits. Alors que la température est déjà bien montée, nous arrivons péniblement de l’autre côté du lac dans un agréable village de pêcheurs où un thé birman nous sera du plus grand réconfort. Ces quelques minutes de repos nous font oublier la moiteur de l’endroit et nous partons à l’assaut de la pagode Kyauktawgyi, de son bouddha de marbre et de ses remarquables fresques du 18éme siècle. Mais c’est surtout son cadre bucolique qui retiendra notre attention. En effet, ses alentours ombragés regorgent de pittoresques activités villageoises. Des paysans tressent des sacs, d’autres conduisent leur troupeaux aux champs, de joyeux écoliers gambadent dans les rues … Il est temps de rebrousser chemin et de traverser dans l’autre sens le pont U Bein avant de nous sustenter quelque longues minutes à l’ombre des grands arbres qui le borde. Nous avons une vue imprenable sur l’ouvrage de bois et l’étendue d’eau. Notre chemin longue les rives du lac. Devant une décharge sauvage, il faut se boucher le nez pour ne pas avoir la nausée. Sur le chemin du retour, Jo Jo m’explique que si j’étais birman, j’aurais pu m’appeler Wem Bo Bo et que Laure serait Min Pa Pa ! J’avoue trouver ce système de noms basés sur le jour de naissance assez drôle. Nous faisons une halte dans un très grand atelier d’artisanat où l’on observera le minutieux travail de jeunes filles confectionnant les fameuses tapisseries de Mandalay, aux couleurs très vives. Dans une salle attenante, nous pourrons admirer le coup de main d’un artisan fabriquant des marionnettes. Il est amusant de noter que le directeur de la fabrique qui nous commente la visite ne nous poussera jamais à l’achat de sa production ... Certains ouvriers, surpris de nous voir faire du vélo sous cette chaleur questionnent Jo Jo sur notre compte : qui sont donc ces touristes bizarres ? Il doit leur expliquer que nous sommes des habitués du vélo que nous pratiquons assidûment en France. Arrivé à Mandalay, je profite de mon passage dans le marché chinois pour m’offrir un coupe ongle de compétition ! Nous revoilà devant l’hôtel Pacific. Nous prenons congé de Jo Jo qui nous propose les services d’un de ses amis taxi pour les visites de demain. Moins de 10$ la journée pour nous emmener au débarcadère de Mingun, puis pour nous conduire jusqu’à Sagaing et Ava … Il nous dit aussi qu’ayant besoin de pratiquer le français, il serait ravi de nous y accompagner si cela ne nous dérange pas. La proposition à l’air honnête, et comme l’homme est sympathique, nous prenons rendez vous pour demain à 8h15, direction Mingun ! Quant à nous, après nous être accordé quelques moments de repos à l’hôtel, nous repartons à travers les rues pour aller récupérer la pellicule laissée hier chez Kodak. Le résultat est assez décevant. Comme je m’y attendait, le ciel laiteux est du plus mauvais effet et les couleurs assez moyennes. C’est certainement du aux conséquences de l’humidité et des fortes chaleurs sur les différents bains. Mais ayant déjà fait huit pellicules et connaissant les tarifs parisiens pour une qualité pas toujours au rendez vous, je redonne finalement 4 pellicules supplémentaires. Dans l’espoir d’envoyer quelques dernières cartes postales, nous nous mettons à la recherche d’un bureau de poste. Mais nous le trouverons fermé en ce dimanche chômé. Nous décidons alors de diriger nos pas vers Zeygo, la tour de l’horloge et son pittoresque marché. Le cœur de Mandalay bat autour de ce point central. De nombreuses échoppes ont fermées leur portes car il est 17h, mais le marché aux légumes bat encore son plein dans un capharnaüm de bruits et d’odeurs. Nous rentrons à pied jusqu’à la 76éme rue où nous décidons de déjeuner au Marie Mihn Vegetarian Restaurant, vanté par notre guide Lonely Planet. Nous ne serons pas aussi élogieux ! Les curry sont vraiment fades pour des amateurs de nourriture indienne. C’est donc assez insipide, mais ça a le mérite d’être sain. Alors, à nous de choisir. Un trishaw nous conduira jusqu’à notre hôtel d’où j’écris ces quelques lignes. Bonsoir ! |
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