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03/10/2001, Paradise
Hôtel, Nyaungshwe
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« Si vous choisissez de faire quelque chose de votre propre chef, vous ne pouvez appeler cela un sacrifice car personne ne vous force à le faire » Aung San Suu Kyi Notre avion subit quelques turbulences à l’approche de l’aéroport de Heho. Ce matin, le « Wake up call » n’a jamais retenti, aussi avons nous été légèrement pris de court dans notre préparation. Nous parvenons néanmoins à être à 7h à la réception, pour arriver à 8h à l’aéroport de Mandalay d’où nous décollerons 1h plus tard. Alors que nous débarquons dans l’état Shan, le temps est dramatiquement tristounet. Une pluie fine et persistante s’abat sur la campagne. A la sortie, nous devons marcher plus de 300 mètres pour que le gouvernement justifie l’emploi de porteurs à bagages. Nous sommes alors accueillis par la sympathique Ti Ti qui nous conduit à bord d’une berline aux suspensions en fin de vie jusqu'au village de Nyaungswhe. Pendant le trajet qui mène à la « ville du bananier d’or », elle nous donnera de précieux conseils sur notre futur séjour. La pluie semble soudain s’arrêter alors que nous arrivons à proximité du village. Nous en profitons pour faire un crochet afin de repérer l’endroit où se louent les bateaux et pour prendre un premier contact afin de négocier les prix. A l’hôtel Paradise, nous sommes chaleureusement accueilli par le personnel qui nous installe dans un charmant bungalow situé au milieu d’un jardin. Il est déjà 11h, nous voici dans les coursives du marché central qui se termine en cette fin de mâtiné. Au Thukha Cafe, nous nous sustentons de quelques encas birmans en observant assis sur le trottoir le spectacle de la rue. Certaines minorités ethniques reconnaissables à leurs turbans et leurs sacs de couleur vive vendent leurs produits sur les étals attenant. Notre chemin nous conduit alors au musé Shan, ancienne demeure du Sawabah Shan, premier président de Birmanie avant l’arrivée au pouvoir de la junte. Le droit d’entrée étant élevé pour son modeste contenu, nous nous contenterons de faire le tour du palais à pied. La charmante gérante de l’hôtel qui connaît des bribes de Français nous a arrangé pour l’âpres midi une promenade en canoë à travers les canaux reliant les différents villages. Un vieil homme édenté est venu nous chercher à la réception de l’hôtel pour nous conduire jusqu'à l’embarcadère. Sa femme et son fils prendront le relais pour nous guider à la rame à travers les paisibles voies d’eau. Il y a intérêt à avoir le pied doux et un bon sens de l’équilibre pour tenir sur ces frêles embarcations, mais nous ne nous en sortons pas trop mal. Une première halte dans une fabrique de cigare nous permet d’observer le travail que représente la fabrication des fameux cheroots, les cigares à la mode birmane. Nous contemplons ce spectacle confortablement installés dans des chaises en osiers, en grignotant de petites graines gentiment proposées par nos hôtes. Laure ira même jusqu'à confectionner elle même l’un de ces cigares. Nous passons devant un sanctuaire aux Nats, perdu sous les banians. Puis nous faisons une halte à une petite pagode ou trône un grand bouddha assis. Notre embarcation se dirige lentement au milieu des maisons sur pilotis vers un antique monastère de bois. Vieux de 200 ans, il est habité par un unique moine qui nous accueille plus que chaleureusement. Il nous donne de la nourriture et nous parle de la France, citant avec ferveur ses villes et ses hommes politiques en remontant jusqu’au Maréchal Foch ! Il occupe ses journées en méditant, assez impressionnant et quelle leçon de joie de vivre ! Nous voilà reparti au milieu des nénuphars et des iris d’eau. Le soleil a refait son apparition en cette fin de journée. Nous traversons une nuée de joncs et participons avec plaisir à la paisible vie lacustre des villageois. C’est un moment privilégié que de partager leur quotidien. Assis en tailleur depuis plus d’une heure, je commence à avoir des fourmis dans les jambes ce qui s’avérera plus que périlleux pour quitter le canoë. Essayez de vous lever avec une jambe en bois ! Je suis à deux doigts de finir dans le canal tellement cette sensation est difficilement maîtrisable. Complètement immobilisé sur une étroite planche de bois, j’attend que le sang irrigue à nouveau ma jambe endolorie que je secoue frénétiquement sous le regard interloqué des locaux... En cette fin de journée, la fraîcheur de l’air nous pousse à prolonger la découverte de Nyaungshwe par des chemins buissonniers. Nous y croiserons d’adorables gamins qui nous offriront des petites fleurs en guise de bienvenue. Je suis ému par tant de spontanéité et de gentillesse. Pour dîner, nous traversons la ville jusqu’au restaurant « Four Sisters ». Là, nous dégustons la cuisine subtilement savoureuse des Inthas, cette ethnie qui peuple les alentours du lac. Les mets, végétariens pour la plupart sont fins et très appétissants, ce qui est à noter pour la cuisine Bamar. Pendant tout le repas, nous discutons avec un jeune homme qui nous raconte la vie de la maison ainsi que le quotidien autour du lac. Il est guide et organise des treks dans les environs. Ses ballades mènent à travers la montagne jusqu’aux villages Pa’O. Il nous apprend qu’il existe deux factions chez les Pa’O. Les « white Pa’O », pacifistes, ont fait cessation avec le gouvernements tandis que les « Red Pa’O » sont toujours en lutte contre l’état central. C’est la raison pour laquelle la partie Sud du Lac est interdite aux touristes. D’après notre interlocuteur, il existe d’ailleurs à quelques dizaines de kilomètres au Sud un autre lac encore plus spectaculaire mais lui aussi interdit aux touristes. Pour finir la soirée, nous aurons le droit en bonus à un petit concert de musique et de chansons populaires birmanes joué par les membres de la famille : une bien belle journée ! A la fin du repas, alors que je demande l’addition, on me répond que je peux donner ce que je souhaite. Demain, nous partons à la découverte du lac. |
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