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« Ici, la grandeur ne se départ jamais d’une mesure aisée et naturelle, elle s’impose non par une disproportion entre le monument et le spectateur, mais par la création d’un espace infailliblement harmonieux » Simon Leys, Ombres chinoises Nous avons eu du mal à nous remettre du décalage horaire. A 1h du matin, j’ai les yeux grands ouverts et plus envie de dormir du tout. Nous émergeons néanmoins vers 8h de matin, déboussolé par cette première journée Chinoise. Le temps de prendre un frugal petit déjeuner dans une des agréables salles du notre hôtel, et nous voici fin prêts pour « affronter » la rue pékinoise. Notre hôtel n’a plus de vélos disponibles à la location. Soit, nous prendrons le taxi ! Sur Andingmennei dajie, la grande avenue à proximité de l’hôtel, Laure hèle avec assurance l’un des ces innombrables véhicules rouges qui arpente les rues de ville (il y en aurait plus de 100 000 à Pékin). La principale difficulté avec les taxi pékinois est la communication. Si on ne parle pas le mandarin, il n’est pas toujours facile de faire comprendre sa destination. Le mieux est de l’avoir écrite en chinois sur un guide ou un bout de papier. Nous prenons la direction de Tiantan Si, le temple du ciel. Mais avant, nous souhaitons faire un crochet par le marché aux oiseaux, qui se tient traditionnellement tous les dimanche à la frontière nord du parc Longtan. Peut être arrivons nous un peu tard, il ne reste que quelques cages accrochées aux arbres, mais les volatiles sont d’humeur bavarde. Il faut savoir que pour les chinois, l’un des menus plaisir de la vie est de posséder un oiseau et de se promener de bon matin cage à la main au son des gazouillis ... ![]()
Nous reprenons notre marche en direction du temple du ciel. En ce dimanche chômé, nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée. Le parc de 207 ha qui entoure le temple est visiblement un lieu privilégié des pékinois. Des couples s’entraînent à valser, des vieux jouent au Ma Jong, d’autres ont formé une chorale. Bref, il est bien agréable de déambuler dans les allées ombragées de cyprès. Quant au temple à proprement dit, construit en 1420, c’est une annexe de la Cité interdite. De taille imposante, il n’a pas été édifié au hasard mais selon les codes très strictes de la cosmogonie chinoise. La base du temple est carré comme la terre alors que le sommet est rond comme le ciel. La symbolique des chiffres est également très présente. Les escaliers comptent tous 9 marches, l’esplanade comportant 9x9=81 dalles. A chaque solstice, l’empereur assistait ici à des cérémonies où il sollicitait le ciel pour qu’il accorde de bonnes récoltes à son peuple. Nous sortons de l’enceinte vers midi et la faim commence à se faire sentir. Les tentations gustatives ne sont pas ce qui manque en Chine ! Tous les 10 mètres, il y a un restaurant ou une échoppe, et nous atterrissons presque au hasard dans l’une d’entre elles. En fait, nous choisissons un restaurant bondé, ce qui est toujours bon signe, et Laure y a repéré les préparations vapeurs dont elle raffole. Le patron est fort avenant et il a sorti son meilleur anglais pour prendre notre commande. Nous choisissons chacun une série de jiaozi, moi à la viande et Laure à la crevette. Pas mauvais du tout, quant à la soupe aux œufs et maïs sucrée, elle aurait pu nourrir une famille de 10 personnes à elle seule ! A peine sortons nous du restaurant que le temps s’assombrit. Quelques gouttes éparses commencent à humecter le bitume. Nous en profitons pour entrer dans un supermarché, où les étals de nourriture nous fascinent par leur diversité. Je suis en fait à la recherche de mousse à raser car j’ai oublié mon tube à Paris et Laure ne raffole pas des barbus. Je partais avec peu d’espoirs, car vue la pilosité des chinois, ils ne doivent pas se raser plus de deux fois par an ! Mais, à ma grande surprise, j’ai réussi à mettre la main sur un minuscule tube de Gillette, vendu à prix d’or. Nous nous dirigeons maintenant vers le quartier commerçant de Qianmen. Là, dans une minuscule échoppe à thé, nous dégustons quelques intéressantes variétés de thé vert, de thé au jasmin et de thé Oolong, assis devant une machine infernale. Sculptée dans un bois noueux, c’est une sorte de montagne du sommet de laquelle on prépare le breuvage. On jette ensuite les restes qui s’écoulent le long des flancs pour être recyclés par un train miniature ! Le patron est sympathique, il a une manière plus que pittoresque d’inhaler les gorgées de Thé. Pour certaines variétés, les prix sont prohibitifs (environ 1400F le kg). Nous repartons néanmoins avec quelques cadeaux pour nos familles.
Dans un établissement d’état fort réputé, je décide de faire graver mon nom en chinois sur un sceau afin de pouvoir signer en idéogrammes. « Touma, Touma » répète la jeune fille à qui j’essaie de faire comprendre mon patronyme. Je choisie un morceau rectangulaire de marbre beige ainsi qu’un type de calligraphie qu’un graveur spécialisé incrustera dans la pierre. Il sera prêt demain. La rue des antiquaires est très agréable car les demeures qui la bordent sont dans le style des maisons classiques chinoises du 18éme siècle. Dans l’une des échoppes spécialisée du quartier, Laure commande également son sceau. Mais elle choisira une inscription en bilingue chinois/français. De plus, le sien est sculpté en forme de bœuf, son signe astral chinois. Las des incessantes palabres que nous avons engagés avec les marchands du temple, nous nous arrêtons dans une maison de thé traditionnelle située dans le calme recoin d’une petite ruelle. C’est d’ici que j’écris ces quelques lignes, écoutant une agréable musique chinoise relaxante. Nous avons commandé du thé vert, servi dans un grand récipient. Il est fort difficile à boire car les feuilles de thé restent à la surface et nous étouffent à moitié ! Après avoir presque réussie à vider son verre, Laure est désespérée lorsque le patron le lui rempli de nouveau à rabord. Ce manège se répétera trois fois malgré nos injections et nos refus explicites. En Chine, il est très mal vu d’avoir un verre ou une assiette vide, cela signifie que l’on n’a pas assez servi, et l’on ne pourra partir qu’avec un verre plein, sinon le patron risque de se fâcher. C’est donc avec une vessie prête à exploser que nous nous engageons dans l’avenue à la recherche d’un restaurant. Le « Huji noodle » retiendra notre attention. Les traditionnelles lanternes rouges décorent sa façade et lorsque nous y pénétrons, un jeune serveur tout de noir vêtu pousse un hurlement sourd en signe de bienvenue, bientôt imités par ses collègues sous notre regard interloqué. Nous nous faisons particulièrement remarquer lorsque je renverse mon verre de bière et lorsque Laure refuse que l’un des jeunes serveurs lui mélange ses nouilles avec une sauce brunâtre. Nous dégustons une étrange crêpe aux œufs et aux légumes ainsi que des petits pains frits accompagnés de lait sucré. Notre repas consistera en plus d’un plat de nouilles pour Laure et pour moi, d’un plat de canard au bambou. C’est très bon mais trop copieux comme beaucoup de restaurants chinois. La plupart des clients rentrent d’ailleurs chez eux avec un sac sous le bras contenant les restes ! De notre côté, nous rentrons tranquillement en taxi à l’hôtel. La nuit est tombée sur la ville. Après avoir longé les murs de la cité interdite, notre taxi a du mal à franchir un carrefour fort encombré. La conduite chinoise est assez anarchique. Nous voici à l’hôtel, ce fut une journée bien remplie ! |
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