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« Faible et de petite vertu, j’ai offensé le ciel [...]. J’ôte mon bonnet impérial, mes cheveux épars tombent sur mon visage : que les rebelles démembrent mon corps. Mais qu’ils ne fassent point de mal à mon peuple ! » Chongzhen (1628-1644), dernier empereur de la dynastie Ming 5h30 du matin, le réveil a sonné brutalement. Laure bondit hors du lit. La douche se fera à l’eau froide. Hier soir, en prévision de notre voyage en train de ce matin, nous avons transféré le strict nécessaire de nos affaires dans les sacs à dos, afin de laisser la valise à la consigne de l’hôtel pour être le moins encombrés possible pour le voyage. A 6h10, nous sommes en route pour la gare de Pékin. Ironie de la météo, le temps semble dégagé ce matin dans la capitale. La gare est ultra moderne et déjà fort encombrée malgré l’heure matinale. Nous sommes surpris par la propreté de l’endroit. Il y a deux jours se jouait en France le premier tour de l’élection présidentielle. Ici, au travers des journaux, il est difficile d’obtenir des informations sur ce qu’il s’est passé. Hier soir, à la télévision, sur l’une des multiples chaînes en langue chinoise que nous captons à l’hôtel, j’ai cru comprendre qu’une grosse surprise était arrivée. Et ce matin, alors que je feuillette un journal chinois malgré les mouvements désapprobateurs de la marchande, la photo en première page d’un Le Pen triomphant atteste de nos inquiétudes. ![]()
Nous avons un petit peu d’avance, aussi en profitons nous pour faire un tour de la gare, où nous sommes surpris de découvrir une multitude de stands, où sont vendus diverses victuailles pour les voyageurs. Impossible de mourir de faim ! Il est 7h, nous pouvons prendre possession de nos places de train. Une fois dans le compartiment, nous nous rendons compte que nous ne sommes pas à côté. Espérant que le train ne soit pas plein, nous nous asseyons néanmoins face à face. Mais, très vite, le compartiment se remplit et il sera très difficile de faire comprendre à une vieille chinoise que nous souhaitons échanger nos places. Voyant que la femme est en train de s’énerver, nous sommes prêts à abandonner lorsque d’autres passagers arrivent à lui faire comprendre notre requête. Le compartiment est archi bondé et archi bruyant ! Les chinois parlent fort, pardon, ils hurlent, fument alors que cela est interdit dans le compartiment, sans compter les bruits de vaisselle car ils s’apprêtent à prendre leur petit déjeuner. Je me demande comment Laure réussie à dormir dans de telles conditions ! Soudain, j’entends un hurlement derrière moi, je me retourne inquiet : ce n’est qu’un vieux chinois qui vient de gagner à une partie de cartes. Le voyage est décidément fort instructif. Nous sommes à 20 minutes de la gare de Pékin et c’est déjà la campagne. C’est là que nous pouvons observer ce qui a fait la force et l’unité du peuple chinois : l’agriculture. La Chine est un grand potager à ciel ouvert. Chaque parcelle de terre cultivable est exploitée par l’homme malgré le relief parfois difficile. Soudain, sur la gauche du train, c’est l’agitation. Sur la crête de la montagne, se dresse la grande muraille, suivant parfaitement le relief tel un défi à la nature. Nous approchons de Chengde et c’est la cohue pour sortir du train. Laure a réussie à se frayer un chemin dans la foule et m’attend patiemment sur le quai alors que je suis le dernier à descendre du train ! A la gare, nous faisons la connaissance de Li, qui sera notre guide à Chengde. Son français est plus qu’approximatif mais elle paraît sympathique. Il est environ midi, Li nous conduit dans un restaurant pour touristes, où l’on nous sert pas moins de 5 plats dans une ambiance tamisée, perturbée par le bruit sourd d’une masse de l’autre côté du mur.
Une fois la visite du palais terminée, nous nous engageons dans ses jardins le long du lac qui les borde. Le site est sensé reconstituer les paysages de la Chine méridionale ! Malheureusement, le temps est en train de changer. Les coins de ciel bleu se font plus rares et un vent glacial commence à souffler. Nous faisons une pause dans une baraque, où nous dégustons un thé au café ! Alors que nous discutons avec Li, un énorme insecte me pique au pouce. La douleur est vive sur le moment. D’après les locaux, il s’agirait d’une « pee ». Après cet incident, nous voici désormais à l’endroit où le Jehol (fleuve jaune) prend sa source. C’est lui qui a donné son nom à la ville. Il est 15h, nous sommes de retour à l’hôtel pour quelques instants de repos. Il est vrai que nous sommes levés depuis 5h du matin. Une fois requinqués, nous décidons d’aller faire un tour en ville.
Et en plus, on se les caille. Aussi, décidons nous de rentrer à l’hôtel, non sans avoir au passage achetés une épaisse crêpe chinoise (un excellent coupe faim à moins d’une heure du repas) et admirés la préparation et la découpe des nouilles. Notre hôtel est typique des établissements locaux : un building moderne, sans charme, au hall clinquant et aux couloirs lugubres. Sans compter le karaoké-bar où attendent des dizaines de jeunes filles. Cela ne nous a pas empêchés de dîner au restaurant de l’hôtel, au milieu des familles de touristes chinois qui s’attablent avec fracas autour d’une série de mets qu’ils engloutissent dans la bonne humeur : ici, manger est une fête ! |
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