« Pour avoir l'air d'un Chinois en Chine, il ne faut jamais rougir. »

Edmonde Charles-Roux,


Nous goûtons pour la première fois aux joies d’un petit déjeuner chinois. Pour un début, je ne prends pas trop de risques, mais j’avoue que les petits pains fourrés sur lesquels j’ai terminé mon déjeuner étaient assez sympathiques. Cette matinée sera consacrée à la visite des temples d’inspiration tibétaines qui se dressent sur les collines de Chengde.

Nous débutons par le Punning Si, temple de la paix universelle, construit en 1764 par l’empereur Qianlong, comme preuve de pacification envers les princes mongoles. Le pavillon principal a la particularité d’abriter une gigantesque statue du Boudha Guanyin avec ses 22 m de hauteur, ses 44 bras et ses 45 yeux. Nous montons à l’étage du pavillon afin de mieux examiner cette pièce monumentale de 120 m3 constituée de différents bois (pin, sapin), le tout laqué et doré. Alors que nous redescendons, nous croisons de jeunes lamas au crâne rasé, s’adonnant aux activités monastiques malgré la fréquentation touristique.

Nous visitons ensuite le temple de la joie universelle ou « petit Potala ». En effet, ce temple est fortement inspiré du Potala de Lhassa. C’est vrai que l’on se croirait au Tibet. L’imposante façade ocre est en fait un trompe œil. Pour accéder au temple, il faut monter près de 300 marches et des porteurs proposent de faire l’ascension en palanquin. Un énorme chinois se fait traîner jusqu’au sommet sous les quolibets de l’assemblée. En haut, sur la terrasse, on embrasse du regard l’ensemble du site de Chengde avec le palais d’été, sa petite « grande muraille », dressée sur les collines ainsi que les différents temples qui font l’intérêt de l’endroit. A l’horizon, on distingue même les neiges éternelles. A l’intérieur du temple, on peut observer une intéressante collection de statues de Bouddha et de Tankas, peintures sur soies tibétaines aux couleurs vives.

 

Pour le déjeuner, nous faisons une halte dans un restaurant de la périphérie de la ville, à quelques encablures du temple de la paix universelle. Là, je suis sous les projecteurs. Un groupe de chinois raille ma façon de tenir les baguettes. Lorsque je réussis enfin à saisir le morceau de poulet, ils poussent des cris d’encouragement et lèvent le pouce en ma direction pour me féliciter. Pour accompagner le repas, la bière coule à flot, puis le patron nous a apporté un digestif local, celui-là même dont l’empereur Qianlong raffolait. Je sens comme une bouffée de chaleur monter en moi. Nous partons maintenant à la découverte du temple du bonheur et de la longévité, édifié en 1780 en l’honneur de la visite du sixième Panchai lama au palais d’été. La salle centrale est superbement ornée de huit dragons de bronze aux attitudes inquiétantes. Quelques mètres plus haut, nous ferons trois fois le tour d’une pagode chinoise octogonale afin d’augmenter notre longévité.

 

Pour finir cette journée de visite, nous entamons la visite de Pule Si ou temple de la joie universelle. Le pavillon circulaire central représente une prouesse technique : un plafond rond à partir d’une succession de carrés ! « Une divinité d’élection » tient une femme au cœur du Mandapa dans une posture très suggestive : le fidèle doit rester concentré sur les Sutras en toutes circonstances, nous glisse Li.

Il est 16h, nous sommes de retour à l’hôtel. Sur les conseils de Li, nous partons nous promener le long du barrage, là où se retrouvent les amoureux. Le temps est agréable et nous déambulons au milieu des vieux chinois jouant au Ma Jong. L’armée travaille d’arrache-pied pour finaliser l’ouvrage sous le regard fasciné des passants. Nous nous attardons près des berges, où les habitants s’exercent au cerf volant, véritable passe temps national ! De retour à l’hôtel, nous prenons notre repas au restaurant du premier étage. La plupart des tables disponibles sont de grandes tables rondes de banquet. La seule table individuelle disponible se trouve sur l’estrade. Soit, nous présiderons la soirée ! Le service est assez anarchique. Nos plats arrivent quand ils le veulent et une jeune serveuse essaie de me faire payer au prix fort une bière de première classe. Alors que je fronce un peu les sourcils en signe de mécontentement, elle ne reviendra plus jamais me réclamer la note et je boirais à l’œil toute la soirée. Je n’ai pourtant pas l’air si méchant que cela !

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