« A ce moment, le vent dispersa les nuages et dévoila la lune. Le mur rouge de la cité interdite - la ville impériale - se reflétait sur le canal gelé et légèrement brillant. A l’intérieur de la cité interdite régnait un silence absolu : les toits aux angles richement décorés; les panneaux aux inscriptions vertes et or, la porte violette, les pavillons sur la colline King-chan semblaient retenir leur souffle pour écouter un chant insolite.»

Lao She, Le Pousse-pousse.


7h du matin, le réveil sonne. Notre plan pour la journée est de visiter la cité interdite. Nous stoppons un premier taxi qui refuse de nous y conduire pour d’obscures raisons. Le deuxième sera le bon. Nous filons au cœur de la ville, longeant les douves de « la cité pourpre interdite ». Le chauffeur est pour une fois fort bavard. Il me prend pour un américain, puis un anglais. Lorsque je lui dis être français, il pousse des grands cris en hurlant « Platini ! Zidane ! ».

Nous voici devant la porte sud. Il est 8h40, soit 10 mn après l’ouverture, mais le site est déjà fort encombré. Des grappes de touristes chinois se déversent vers le cœur de la cité interdite. Le touriste chinois est fascinant ! Il se déplace par groupe compact, dévastant tout sur son passage. Coups d’épaules et bousculades sont monnaie courante. Il souffre d’un mal frénétique. C’est un accroc de la photographie, mais ce qui compte pour lui ce n’est pas le résultat, c’est simplement l’acte d’appuyer sur le bouton. Il photographie tout et n’importe quoi, peu importe que l’exposition ne soit pas bonne ou que quelqu’un passe devant l’objectif !

Datant du début du XVème siècle, la cité interdite est surtout remarquable par ses dimensions gigantesques. Il est véritablement impressionnant de déambuler dans les grandioses cours intérieures, qui répondent à de savantes contraintes géométriques. Certains symboles sont reproduits de manière récurrente, sculptés dans le bois, la pierre ou peints à même le mur. C’est le cas du dragon (l’empereur ne se revendique t-il pas comme fils du dragon ?), de la grue (animal impérial par excellence désignant l’impératrice) et de la tortue, symbole de paix. Nous déambulons toute la matinée dans cette citée mystique.

A l’heure du déjeuner, nous décidons de retourner au food mall du centre commercial d’hier soir, et nous faisons un malheur sur les dim sum et autres dumplings. Rassasiés, nous nous dirigeons vers la place Tienanmen, haut lieu commémoratif de la révolution culturelle chinoise. La place fait plus d’un kilomètre de long. En son centre, se trouve le mausolée de Mao, « malheureusement » fermé à cette heure.

 

De part et d’autre de la place, se situent d’imposants bâtiments d’architecture sino-stalinienne, tout en pierre. Des statues, représentant l’élan révolutionnaire du peuple chinois, retiennent tout particulièrement notre attention. C’est aussi l’endroit où j’ai pu tester ma côte de popularité auprès des chinois. Une dizaine de personnes ont demandé à être photographié à mes côtés. Mais, au niveau culte de la personnalité, je n’arrive pas encore à la cheville du vieux Mao. Son portrait géant « décore » la porte Qianmen, et nombreux sont ceux qui souhaitent se faire immortaliser auprès de lui. Le drapeau rouge marqué d’étoiles jaunes flotte vaillamment dans le ciel pékinois, chahuté par le vent qui s’est levé et souffle fortement sur la ville. C’est l’occasion rêvée par les amateurs de cerf-volant pour démontrer leur dextérité. Hommes, femmes, vieux, jeunes, tous s’en donnent à cœur joie.

Nous décidons maintenant de perdre la direction de la cité interdite, puis de longer ses douves sur plus d’un kilomètre, afin de nous rendre à la colline du charbon pour jouir du panorama sur la cité pourpre. La colline du charbon est situé au cœur du parc Jingshan, un agréable jardin joliment fleuri de tulipes et de pivoines. La grimpette est assez raide, mais la vue est impressionnante, même si le ciel blanc déçoit mes velléités de photographe. Pour finir, nous regagnons l’hôtel en traversant quelques hutongs, où la vie s’anime sur le coup des 17h. Je me bourre de pain plat chinois, à défaut d’un vrai repas. Nous prenons un peu de repos dans la cour intérieure du Lüsongyuan hôtel. Sur le coup des 19h, un taxi nous mène à la grande gare de Beijing West. C’est la plus grande gare que je n’ai jamais rencontré. Il y a vraiment de quoi se perdre ! Nous échouons à 19h45 dans la salle d’attente n°7 et notre train ne part qu’à 21h10 ! Nous sommes un peu inquiets pour trouver le numéro du quai car tout est inscrit en chinois. Heureusement après une longue attente bercée de doutes, une compatissante fonctionnaire du rail chinois nous indique que nous pouvons nous diriger vers le train : il est 20h40. Alors que je pensais voyager en « couché dur » au milieu de chinois, je me retrouve « couché mou » avec un groupe de … français ! On a rêvé mieux pour le dépaysement ! Nous sommes dans une cabine de quatre couchettes. Celles-ci sont plutôt coquettes, spacieuses, mais le train bouge pas mal et bruyamment.

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