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« Ne vous affligez pas de ce que les hommes ne vous connaissent pas ; affligez-vous de ne pas connaître les hommes.» Confucius 551-479 av. J.-C J’ouvre les yeux et regarde le cadran de ma montre : 0h57 ! Nous sommes arrêtés dans une gare anonyme. Des portes se ferment, j’entends des cris en chinois dans le couloir : les menus plaisirs du voyage en train de nuit... A partir de 5h30, je ne peux plus fermer l’œil. Je décide de faire un tour en dehors de la cabine. Dans le couloir, pas âme qui vive, il fait frais et le paysage qui défile devant mes yeux est triste et gris. Nous sommes dans l’état du Shanxi, au cœur de la Chine du lœss. Le prochain arrêt est Pingyao, ville historique classée au patrimoine de l’humanité par l’Unesco. Il est temps de réveiller Laure. L’ensemble des occidentaux descendront ici. Les devançant, nous sommes alors assaillis par plusieurs individus que nous prenons pour des rabatteurs, car ils nous présentent des cartes d’hôtel, et nous les envoyons voler dans les fleurs. Grossière erreur ! Il s’agissait des personnes chargées de venir nous chercher. Nous nous retrouvons seuls sur le quai de la gare. Il ne nous reste plus qu’à nous rendre à l’hôtel par nos propres moyens. Laure a la « lumineuse » idée de s’incruster dans un car à touriste, sensé se rendre au même hôtel que nous. Au bout de 100 m, celui-ci s’arrêtera ne pouvant franchir les portes de l’ancienne cité. Nous voilà donc à pied dans le vieux Pingyao à la recherche de notre hôtel, dont la prononciation semble laissé perplexe les locaux. C’est pas gagné ! Au bout de 20 minutes d’errance, nous entrons dans une vielle demeure qui semble être notre hôtel. Nous retrouvons la personne qui nous avions prise pour un racoleur et qui nous confirme, après maintes incompréhensions, avoir une réservation à notre nom. Mais, pour une raison que j’ignore, on nous amène à une maison située à deux blocs de là. La chambre est vraiment typique, mais le confort est plus que sommaire. Pour une nuit, cela devrait aller.
Nous laissons nos affaires dans cette chambre qui ne ferme que par un mince cadenas, et nous retournons prendre notre petit déjeuner (pan cake à la banane et pan cake à la pomme) dans le hall de l’autre guesthouse. Le petit déjeuner terminé, nous pouvons enfin débuter la visite, il est 9h45 ! Pingyao est un îlot préservé de la Chine traditionnelle qui a échappé à cet élan de modernité qui rase tout sur son passage.
Nous poursuivons par la visite de deux temples taoïstes, où les fumées d’encens dévoilent d’étranges idoles colorés. Nous déambulons au hasard des rues en direction de la muraille qui protège le bourg. Là, à l’extérieur de l’enceinte, se tient un marché, où l’on peut trouver des pigeons, des chiots, des chats, des ustensiles de cuisine et diverses victuailles. Les vieux chinois en chemise Mao font une galerie de portraits qui vaut le déplacement. Au déjeuner, nous goûtons dans une ancienne maison les nouilles à la mode Pingyao (en forme d’oreilles de chat) et des dumplings de porc. Notre prochaine étape sera le mur d’enceinte de la ville que nous décidons de parcourir dans son intégralité, soit plus de 6 km. J’arrive à soutirer à une vieille chinoise un bon prix pour la location de 2 vélos. Nous voilà partis pour un tour de Pingyao du haut de ses murailles. Vue d’ici, le panorama offert est fascinant bien qu’un peu tristounet : toits et murs gris, maigres plantes dans de petites cours, ruelles terreuses. Peut-être est-ce le ciel maussade, mais cette étendue de toitures et de terrasses grises n’incite guère à l’allégresse. Il est néanmoins très plaisant de parcourir les murailles de cette façon.
De retour sur la terre ferme, nous visitons alternativement deux anciennes demeures de notables : l’ancienne résidence de Lei Lutai, personnalité du siècle dernier, commerçant enrichi en fondant un comptoir à Pingyao, et une ancienne maison individuelle, intéressante par la finesse de son mobilier, des ses peintures et de ses calligraphies. La visite est d’autant plus agréable qu’une charmante jeune chinoise la commente, s’appliquant à produire son meilleur anglais. Sur le chemin du retour, je tombe sur une statuette porte bonheur taoïste dont je commence à négocier le prix. Le vendeur m’en propose 120 yuans alors que je ne lui en offre 20 ! Au bout de 5 mn de pourparler, Laure me tire par le bras et me dit : « Regarde ! ». Une vingtaine de personnes se sont agglutinées autour de nous pour suivre la négociation. Nous arrivons finalement au compromis suivant : il est OK pour 20 Yuans, mais je veux maintenant un lot de trois statuettes pour 50 yuans ! C’est le coup de grâce, on se quitte sans conclure l’affaire, sous le regard déçu des nombreux observateurs. J’obtiendrais ces mêmes statuettes pour 60 yuans chez une voisine moins combative. Au salon de notre guest-house, je siffle une bière locale, tout en écrivant ces quelques lignes. L’heure de dîner approche et les rues sont calmes. De nombreux chinois se sont agglutinés devant leur téléviseur pour suivre l’équipe nationale dans un match préparatoire à la coupe du monde face à la Corée. Nous rentrons presque au hasard dans l’un des nombreux restaurants qui borde la rue principale. Difficile de passer commande lorsque l’on ne connaît pas un mot de chinois. Nous réussissons à commander des nouilles chinoises ressemblant à des tagliatelles et une sorte de jambon cuit de bœuf (appelé bœuf Pingyao), ainsi que des dumplings frits. De retour à l’hôtel, j’entreprends un combat avec la salle d’eau : la sortie du lavabo s’écoule directement sur le sol de la pièce, il n’y a pas d’eau chaude, la douche est quasi inutilisable, et les remontées d’égouts donnent une petite saveur à l’ensemble. Sans compter la porte qui ne ferme pas et le lit constitué de briques surélevées, recouvertes d’une fine couette de coton : le confort à la chinoise ! |
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