Jeudi 08/03/01, Playa Ancon, Trinidad

"J'ai les mains vides, à force de donner sans rien avoir.

Mais que puis-je y faire, si mes mains à moi sont comme ça ?"

Los Van Van

Malgré l’insupportable musique déversée par les hauts parleurs de la piscine, il ne nous a pas été trop difficile de trouver le sommeil. Dès 7h15, nous sommes prêts pour la découverte de Trinidad. Nous garons notre véhicule au parking du motel « Las Cuevas », perché sur les hauteurs de la cité, puis gagnons à pied la Plaza Mayor au cœur de la vielle ville. L’endroit est vraiment pittoresque. Entre les attelages charriés par des petits ânes et les rutilantes décapotables américaines qui arpentent les ruelles pastels du centre ville, on ne sait plus où donner de la tête. Après cette flânerie matinale dans les croquignolesques petites ruelles qui bordent la place centrale, la Casa Cantero, ancienne demeure d’un vieux négrier du 19ème siècle retiendra notre attention. Elle abrite le musée de la ville et nous apprendra que Trinidad devait essentiellement sa prospérité d’antan aux plantations de canne à sucre, les fameuses Ingenios qui ont données leur nom à la vallée de San Luis qui entoure Trinidad (Valle de los Iingenios). Cette vallée qui a été classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en 1988. Nous empruntons l’abrupte escalier qui monte jusqu'à la petite tourelle qui surplombe la Plaza mayor et le clocher du couvent San Francisco. Il est bientôt 10h30. En déambulant à notre rythme, nous jetons un coup d’œil au « Templo de la Santeria Yemana », haut lieu du culte afro cubain, encore très vivace parmi les descendants d’esclaves et qui mêle la vénérations des divinités africaines à celle des saints catholiques. Une poupée noire vêtue de blanc trône au milieu d’un autel.

Puis nous nous attardons à la Casa de la trova, la maison des troubadours où un groupe joue du Son, musique traditionnelle cubaine par excellence. Les groupes de touristes en provenance de Varadero commencent à prendre possession des lieux. Il est temps de faire une halte à la terrasse de la Casa de la Musica toujours au rythme de la musique traditionnelle. Pour couronner le tout, nous commandons 2 Mojitos que nous dégustons sous un doux soleil de saison. Bientôt midi, nous partons à la recherche d’un paladar, sans pour autant nous faire harponner par les rabatteurs : difficile exercice ... Nous parvenons tout de même jusqu’à Sol y Son, mais sa porte est close. Un vieux sourd muet m’indique comme il peut qu’il faut sonner en haut à droite. C’est ce que je fais. Une minute plus tard, une femme ouvre la porte pour nous dire que ce matin, ils ne serviront pas de repas. C’est du moins ce que j’ai cru comprendre ! Nous nous rabattons alors sur le paladar « La Coruna » où une grosse mulâtre portant un fichu rouge nous fait signe d’entrer. Nous prenons place dans l’agréable patio intérieur. Pour changer, nous mangerons du porc. Et c’est comme si ils le tuaient devant nos yeux. Au bout de 20 minutes, nous voyons passer le mari de la patronne avec une moitié de porc sur le dos. Il tranchera péniblement à coup de hache quelques côtes de l’animal qu’il fera ensuite griller pour l’estomac de Laure. Je me contenterais d’un Bistec de cerdo plus classique mais très bon ! Le tout accompagné d’une Cerveza Cristal bien entendu. Malgré la grossière tentative du patron pour gonfler l’addition, nous repartons satisfaits et reprenons la route de l’hôtel via la péninsule d’Ancon où nous nous prélassons deux bonnes heures sur la plage à l’ombre des palmiers.

Sur le coup des 17h30, de retour à Trinidad délaissée par les groupes de touristes, nous sommes désormais la cible des Jineteros qui tournent autour de la Plaza Mayor. Nous tenons bon, malgré l’insistance d’un groupe de petites filles à essayer de nous soutirer tout et n’importe quoi. La nuit commence à tomber. Nous nous enlaçons sur les escaliers qui mènent à la Casa de la Musica en écoutant Rumba, Salsa son et Chachacha ... Au restaurant « Trinidad Colonial », je suis obligé d’aller au fin fond des cuisines pour indiquer ma présence. Nous sommes les seuls clients dans la grande salle de la maison coloniale. Le repas sera bon pour un restaurant d’état (crevettes à la sauce piquante) et c’est repus que nous retournons à travers la ville en direction du parking. Là, nous sommes les témoins privilégiés des petites animations de quartier où les enfants chahutent et entonnent des chants patriotiques. Il est vraiment agréable d’arpenter ces ruelles, en jetant un coup d’œil bienveillant sur les intérieurs faiblement éclairés, où s’amoncelle tout un bric à brac d’objets hétéroclites qui contrastent avec la noblesse des demeures. De retour à l’hôtel, nous trouvons sans peine le sommeil malgré le volume de la sono.


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